BO n°40 du 11 novembre 1999
C. n° 99-176 du 4-11-1999
Texte adressé aux recteurs d’académie et aux inspecteurs d’académie, directeurs des services départementaux de l’éducation nationale, pour attribution
Le présent texte remplace la circulaire n° 98-135 du 23 juin 1998 relative aux orientations pédagogiques pour l’enseignement d’une langue vivante étrangère au CM2. Il en conserve l’essentiel tout en tenant compte de la décision de généraliser progressivement cet enseignement , qui devra être implanté en priorité dans les classes ou divisions de CM2 et développé le plus possible dans celles de CM1. C’est la dynamique de l’apprentissage sur deux années qui est ici esquissée, en particulier dans la présentation des référentiels spécifiques à chaque langue vivante susceptible d’être étudiée à l’école primaire qui constituent la seconde partie de cette circulaire. Les propositions de contenus et l’explicitation des compétences attendues doivent favoriser la continuité de l’apprentissage du CM1 au CM2, du CM2 à la 6ème, sans imposer pour autant une programmation stricte qui ne conviendrait ni à la diversité des situations, ni à la spécificité des apprentissages linguistiques. C’est en effet l’esprit défini dans le texte des programmes de la classe de 6ème qui doit prévaloir dès le début de ces apprentissages: il s’agit de concevoir ceux-ci comme un processus continu qui se développe et se perfectionne dans une “progression en spirale”, “par un enrichissement progressif et une reprise constante de ce qui a été enseigné, appris et peut-être oublié” (programmes de la classe de 6ème). L’horaire hebdomadaire reste fixé à une heure trente ; les séances sont de préférence courtes et régulières.
La priorité accordée à la langue orale est réaffirmée : au plaisir de découvrir et de comprendre, s’ajoute la confiance gagnée quand on s’essaie à parler avec succès. C’est ce contexte positif qu’il convient de créer et de maintenir.
Les objectifs définis en 1998, qu’un apprentissage continué sur deux années doit permettre d’atteindre dans de meilleures conditions, restent valides:
§ développer la capacité de compréhension des élèves, essentiellement dans le registre de la langue orale, et leur faire repérer peu à peu les divers éléments langagiers (lexicaux, grammaticaux, phonologiques) qui conduisent à la construction du sens,
§ entraîner les élèves à écouter, percevoir, reconnaître, reproduire et produire les rythmes, sonorités, schémas intonatifs de la langue étudiée et, plus généralement, toutes les caractéristiques relevant de la réalisation orale de la langue,
§ amener les élèves à s’approprier, dans l’intention de s’exprimer, des fonctions langagières de base (précisées dans les référentiels qui suivent ce préambule), présentées dans des situations de communication simples, variées, motivantes , ayant du sens pour eux et, chaque fois que c’est possible, culturellement marquées,
§ favoriser une première prise de conscience du fonctionnement de la langue, - ouvrir l’esprit des élèves aux réalités d’un monde étranger et leur faire prendre conscience de la relativité des usages.
L’enseignement d’une langue vivante est, c o m me tous les autres, centré sur l’élève. Le rôle de l’enseignant consiste à:
- organiser une progression raisonnée en n’hésitant pas à conforter les acquisitions anté-rieures par des reprises et par des synthèses régulières, dans des mises en situation et des combinatoires diverses ,
- rechercher l’efficacité et la rigueur en préservant les approches ludiques les plus aptes à générer le plaisir de découvrir et d’apprendre à communiquer,
- susciter la participation active des élèves et favoriser les interactions et l’entraide,
- faire prendre conscience aux élèves de leurs progrès et des améliorations souhaitables,
- dédramatiser les erreurs et les exploiter de manière positive.
Dans le domaine de la langue vivante, comme dans les toutes les circonstances de la classe où l’expression orale est favorisée, le maître veille à rendre les élèves attentifs, non seulement aux intentions de celui qui parle et au contenu des messages, mais aussi à la manière de dire dans la langue.
Les élèves de cours moyen ont déjà une expérience scolaire et, s’ils sont débutants dans cet apprentissage, la prise en compte de leur expérience et l’exigence d’unité de leur formation ne peuvent être négligées. En particulier, face à des documents authentiques, le maître sollicite les capacités acquises par ailleurs, capacités de compréhension et d’analyse, développées jusqu’alors sur des documents en langue française.
Enfin, le rôle du maître de la classe est déterminant pour aider à percevoir et à établir des liens entre les apprentissages relevant de champs disciplinaires divers, qu’il s’agisse d’une première approche comparative du fonctionnement des langues, des apports culturels (à compléter dans le cadre des programmes d’histoire et de géographie, dans les domaines de l’éducation artistique et aussi par des lectures documentaires ou de fiction), ou d’un réinvestissement des acquisitions langagières dans des situations de classe (donner l’heure ou la date, compter, pratiquer des jeux en EPS...). Lorsque l’enseignant de la classe ne dispense pas lui-même cet enseignement, la concertation régulière avec le (ou les) personne(s) qui l’assume(nt) doit favoriser l’harmonisation et la complémentarité des apports respectifs.
La langue étrangère est présentée en situation (chansons, comptines, courts dialogues, saynètes, contes, courts récits, jeux ...). L’une des conditions d’un apprentissage réussi est la qualité de l’écoute, sur laquelle reposent non seulement la compréhension mais aussi la qualité de l’expression.
L’enseignant de langue veille donc régulière-ment, dans le cadre de situations motivantes, à:
- offrir de bons modèles;
- entraîner à affiner l’écoute;
- entraîner à comprendre, c’est-à-dire, à ce niveau, à reconnaître les informations essen-tielles du message;
- entraîner à reproduire avec exactitude la p r o n o n c i a t i o n : accentuation et rythme, schéma intonatif, phonèmes;
- entraîner à s’exprimer à titre personnel (dans la limite d’objectifs réalistes en fonction de l’âge des enfants et du temps de cet enseignement).
La priorité étant donnée à la langue orale, le recours à la langue écrite doit respecter deux conditions:
- rester très limité;
- n’intervenir qu’après une présentation orale des éléments concernés (sauf cas exceptionnels d’éléments langagiers spécifiques de la langue écrite). Néanmoins, connaître une langue, c’est également, à ce niveau, être capable de comprendre le sens de courts messages écrits. Les chansons, comptines, poèmes appris et mémorisés en classe peuvent faire l’objet d’une trace écrite individuelle; un mot, une expression, une très courte phrase peuvent compléter un dessin, un schéma, une photographie, des images séquentielles, une chanson... Par ailleurs, l’écrit peut favoriser la compréhension du fonctionnement de la langue étrangère, la comparaison avec la langue maternelle et la mémorisation: cette approche comparative est alors intégrée à l’ensemble des activités de la classe. A partir d’écrits brefs (panneaux, pancartes, slogans, publicités, cartes de voeux, courts énoncés...), l’enseignant peut utiliser la trace écrite pour faciliter la perception de la segmentation de la phrase et commencer à mettre en évidence les rapports graphie/phonie spécifique de la langue étudiée ; enfin, il fait prendre conscience aux élèves qu’une langue étrangère n’est ni un “calque” de leur langue maternelle, ni une juxtaposition de mots les plus clairement chargés de sens.
Les enseignants ont la responsabilité du choix des méthodes, démarches et outils, dans le respect des orientations définies par le présent texte. Ils veillent à l’alternance des activités et à leur complémentarité, les élèves étant souvent sollicités pour s’exprimer oralement, agir ou réagir par écrit, pour participer à des jeux... Le recours aux documents authentiques sous des formes variées (support papier, cassettes audio ou vidéo, multimédia) est le plus fréquent possible.
Ceux qui présentent des modes de vie ou de penser différents du nôtre (aspects de civilisation) seront utilement proposés pour amener l’élève à réfléchir en lui apportant une ouverture culturelle. L’utilisation des supports offerts par les technologies nouvelles est encouragée, qu’il s’agisse de produits interactifs (vidéos, cédé-roms adaptés) ou de communication à distance (utilisation de l’internet: courrier électronique, recherche documentaire, etc.). Dans toutes les situations créées et en exploitant leur diversité, le maître s’efforce de :
- limiter les situations artificielles;
- - cultiver et soutenir l’attention à la langue étrangère ;
- stimuler le désir de s’exprimer, le plaisir de s’essayer à parler;
- entretenir le plaisir de découvrir et de connaître.
Dans ce domaine comme dans les autres, même s’il n’est demandé aucun travail écrit en dehors de l’école, il encourage les élèves à repérer dans leur environnement, dans les émissions de télé-vision, etc. des éléments relatifs à la langue étudiée et aux références culturelles qui lui sont liées ; il valorise le matériau rapporté en classe.
Dans le contexte de cet enseignement comme pour tous les autres, l’évaluation est partie intégrante du projet de travail: elle permet de valoriser les acquis, d’identifier les progrès réalisés, de repérer des lacunes et des difficultés. En un premier temps, il sera nécessaire de tenir compte du fait que les élèves peuvent être de niveaux variés compte tenu de leur scolarité antérieure, des temps d’initiation ou d’apprentissage dont ils auront bénéficié.
Sur le plan des connaissances, la liste des situations présentées dans les référentiels constitue un cadre commode pour l’observation des progrès, au cours des indispensables moments de reprise et de brassage des éléments antérieurement abordés qui accompagnent la progression mise en place. Le maître a toute latitude pour proposer des situations de transfert permettant la vérification de véritables acquis par le biais d’exercices et de situations différents de ceux qui ont servi de base à l’apprentissage.
À partir de l’évaluation individuelle, l’enseignant favorise l’entraide et une saine émulation entre les élèves de niveaux linguistiques différents et s’efforce de les conduire, par atelier ou en groupe, à progresser tous vers des objectifs communs. Au delà de l’appropriation des notions visées par les référentiels, l’enseignant attachera une attention toute particulière à l’évaluation de la prononciation : accentuation et intonation correctes, justesse des phonèmes. La continuité d’une année à l’autre (du CM1 au CM2, du CM2 à la 6ème) sera favorisée par un bilan explicite, d’une part, des fonctions langagières travaillées et des situations proposées et, d’autre part, des acquisitions effectuées par chaque élève.
Pour le ministre de l’éducation nationale,
de la recherche et de la technologie et par délégation,
Le directeur de l’enseignement scolaire
Bernard TOULEMONDE